ÉPONA

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ÉPONA

Épona est une divinité gauloise, dont la caractéristique est de n’avoir été contaminée par aucune divinité romaine et dont le culte a perduré pendant la plus grande partie de l’époque gallo-romaine. Il s’agit d’une déesse très populaire, à en juger d’après le nombre important de figurations qu’on en connaît, en particulier des figurines en terre cuite de l’Allier, dont on sait qu’elles étaient particulièrement répandues dans toute la Gaule. E. Thévenot a consacré une étude importante à Épona, qu’on connaît donc assez bien.

Le nom même d’Épona contient celui du cheval Épo (Equus en latin). Les représentations de la déesse sont diverses: tantôt une jument allaitant son poulain (musée de Beaune), que certains voient comme le prototype de la déesse et d’autres, tels F. Benoit, comme une simple contamination de l’art hellénistique, tantôt une écuyère assise en amazone sur une jument (Gannat, musée de Saint-Germain) ou parfois couchée (Bâgé-la-Ville, au cabinet des Médailles à Paris), plus exceptionnellement debout près de la jument. Ce ne sont là que les grandes lignes de l’iconographie. Il y a de nombreuses variantes, que l’on peut tenter de regrouper selon des ensembles géographiques. Ainsi en Moselle et dans le Luxembourg, elle se tient à califourchon (Senon, dans la Meuse, musée de Saint-Germain). Ailleurs (Rome, Bulgarie, Afrique du Nord), elle est assise et donne une pâture symbolique, des fruits, à un groupe de chevaux. En Bourgogne, la monture pose parfois le sabot sur un rocher. D’autre part, ses attributs sont variés: corne d’abondance, patère, fouet, cravache, clé. Pour certains, le culte d’Épona aurait pris naissance dans les Balkans, et par le Danube serait parvenu jusqu’en Gaule. En fait, les trois régions qui nous livrent abondance de documents sont la Bourgogne, la vallée de la Moselle, la vallée du Rhin.

Les interprétations de l’iconographie sont malaisées et, à vrai dire, contradictoires, d’autant que l’épigraphie n’apporte guère de précisions supplémentaires. Les auteurs latins voyaient dans Épona la protectrice des chevaux et des écuries. De nos jours, une tendance en fait également une divinité protectrice du foyer; Thévenot la rapprochait des Matres . Il alléguait, parmi d’autres arguments sur Épona, qu’en Bourgogne la jument allaite souvent un poulain, preuve, selon lui, qu’il s’agit d’une divinité nourricière. Pour d’autres, elle évoque bien plus le voyage de l’âme vers l’au-delà, et remplit une fonction de protection vis-à-vis des mortels. Ce caractère funéraire serait attesté par l’attitude d’Épona dans des bas-reliefs de Luxembourg ou de Luxeuil, faisant le geste de la bénédiction, ou par des attributs comme le fouet (qu’on rencontre aux mains des Dioscures) ou la clé qui ouvre les portes de l’au-delà; le poulain signifierait la continuité de la vie par la descendance...

Il serait sage en tout cas de parler de pluralité des Épona. Pour distinguer une seule divinité, il faudrait connaître beaucoup mieux le panthéon gaulois que ce n’est le cas actuellement. Sur la stèle d’Hagondange (Moselle), deux écuyères figurent aux côtés d’une déesse centrale. D’autre part, rien ne nous indique la part de confusion qui a pu se produire en Gaule, avant même la conquête romaine, entre l’Épona et des divinités locales protectrices des chevaux. Ce qui tout de même la rend unique, c’est sa «solitude et son célibat résolu, chose rare dans la société divine des Celtes» (P.-M. Duval), et la présence du cheval.

Ce caractère exceptionnel assurera le succès d’Épona dans l’Empire romain, en dehors même des dédicaces effectuées par des Gaulois de l’armée romaine. C’est ainsi qu’en Italie un calendrier du Ier siècle fixe sa fête au 18 décembre: honneur unique attribué à une divinité gauloise à Rome même. D’autre part, il ne peut pas ne pas y avoir eu contamination des représentations de la déesse à cheval sur la «Vierge écuyère» fuyant en Égypte de notre Moyen Âge.

Les comparaisons insulaires ont été orientées par Henri Hubert, Jean Gricourt et Georges Dumézil vers la Galloise Rhiannon («Grande Reine») et l’Irlandaise Macha, sans que ces démarches aient abouti à des conclusions indiscutables.

Encyclopédie Universelle. 2012.

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